Grincheux. C’est le premier terme qui est toujours venu à l’esprit de quiconque voulut décrire Bait. Mais le batracien était bien plus que cela! Il est notamment bien plus grincheux lorsqu’il est affamé, et il semble toujours avoir faim. Malgré une apparence aux couleurs vibrantes,il sait également se montrer discret et peut se montrer sournois, lorsque la motivation est suffisante. Derrière cette façade peu attachante, la bête de compagnie se rachète en sachant faire preuve d’une loyauté inconditionnelle envers ses amis -qu’ils aiment croire ou non qu’ils sont ses propriétaires- et en étant doté d’une empathie sincère. Un bougon qui sait quand se montrer réconfortant, effacé ou même utile. Il apprécie toujours être d’une quelconque assistance pour ceux qui comptent réellement à ses yeux et sa patience naturelle, parfois considérée comme de l’apathie, se retrouve décuplée auprès d’enfants.

>Bioluminescence: Bait, comme tout Glow Toad, a la capacité d’émettre de la lumière, qu’il s’agisse d’une simple lueur tamisée à un flash de lumière aveuglant.
>Peau Caméléon: Une autre caractéristique de son espèce est que Bait peut modifier la couleur de sa peau. Ceci se produit notamment lorsqu’il vit des émotions fortes, mais il lui arrive à l’occasion de prendre la couleur d’un aliment dont il abuse.
Ces pouvoirs semblent étrangement s’être transposés à sa forme humaine.
>Langue de batracien: Bait possède une langue hautement élastique et visqueuse qu'il peut projeter très rapidement jusqu'à quelques décimètres devant lui et la rétracter aussi rapidement [Racheté]
>Peau électrostatique: Bait a la capacité de générer de l'électricité statique au niveau de sa peau, dans un réflexe d'auto-préservation. Ces décharges peuvent être comparées à celles d'une anguille électrique. À Katolis, ce réflexe peu maîtrisé se manifestait également parfois lorsque le batracien se montrait grandement agacé.
Ces pouvoirs sont pour l'instant absents ou latents sous sa forme humaine.

Le prince Harrow, alors adolescent, avait adopté Bait au cours d’une sortie familiale au manoir de Banther. Encouragé par les récriminations de son père, le roi, le prince avait fait entrer le jeune glow toad au château et l’avait conservé. En raison de l’indifférence du prince envers la créature, alors sans nom, celle-ci avait dû user d’ingéniosité pour sortir la nuit se nourrir. Quand le prince Harrow se mit à courtiser Sarai, sa future épouse, celle-ci insista pour qu’il prenne davantage soin de la créature. Il l’avait sortie de son environnement naturel pour la traiter comme un vieux jouet dont on oublierait l’existence, et ce genre de captivité lui apparaissait injuste. Décidé à prouver ses qualités à la jeune mère, il s’était mis à prendre soin de la créature lumineuse, tout comme une question naissait dans son esprit : combien de temps survivrait cette étonnante créature? Elles mourraient généralement plus rapidement, dans l’estomac d’un poisson, à l’état sauvage.

Quelques années plus tard, le roi Harrow donna à son fils Ezran la garde de la créature. Le garçon avait hérité de la douceur et de l’amour des animaux de sa mère, et il ne ferait aucun doute que le jeune prince saurait prendre soin du batracien. La question d’Ezran le prit toutefois de court, lorsqu’il demanda comment se nommait son nouvel animal de compagnie, et le roi pris au dépourvu ne pu que répondre en blaguant. Une blague qui était passée six pieds au-dessus de la tête du gamin. Bait deviendra donc le nom formel de notre sujet. Sa relation avec Ezran grandit rapidement, une complicité certaine s’établissait entre les deux gourmands. Bait se faisait un plaisir de jouer les veilleuses lorsque la nuit effrayait le jeune enfant, qui en échange l’entraînait dans toutes ses aventures au château. Cette liberté limitée plaisait au grognon quadrupède.

C’est en effet Ezran qui avait fait découvrir les tartelettes à la gelée à Bait. Enfin la vie du batracien prenait un nouveau sens : il se sentait vivant pour la première fois depuis des années, mais également furieux de n’être jamais allé écorniflé dans cette masure qui s’avérait être la maison du boulanger! Que de bons moments passés en cet endroit, à contourner la vigilance de Barius, ou encore à le confondre en distractions.

Bait ne s’attendait pas à ce que sa vie tourne du jour au lendemain, alors qu’un attentat contre son ancien propriétaire se prépare. Dans la confusion qui s’ensuivit, les princes prirent la fuite en compagnie de Bait, une assassin elfe sur les talons. Ils s’étaient rapidement alliés avec elle en découvrant un œuf de dragon dans les chambres de Viren et avaient fui les autres assassins venus trouver Harrow, emportant également l’oeuf qui, à lui seul, pourrait ramener la paix entre Xadia et Katolis. C’est ainsi que débuta la plus grande aventure de ce héros grognon.

Les jeunes princes et Bait s’étaient rendus au manoir de Banther, où Callum espérait apprendre des informations sur la magie. Là, ils avaient rencontré leur tante Amaya, chargée de les y garder en sécurité. À l’aide de subterfuges et des préjugés humains envers les elfes, le groupe avait pu s’échapper par la rivière. Un périble que jamais Bait ne saurait oublié, comme il avait servi d’appât à monstre de rivières, et avait presque été dévoré!

L’oeuf semblait reluire de moins en moins brillamment, comme si il s’affaiblissait. Craignant que leur unique espoir de paix ne trépasse avant qu’ils n’aient le temps de le ramener à la reine des dragons, ils s’était mis à la recherche d’une solution alternative.  Ils avaient fait la rencontre d’une nouvelle amie, Ellis, qui leur avait montré le chemin jusqu’au phénix lunaire. Après une terrifiante traversée de la forêt de la Caldeira Maudite, ils avaient rencontré le phénix lunaire – en réalité la monture d’une mage elfique spécialisée dans les illusions. Elle ne pouvait rien pour eux, sinon leur conseiller de faire éclore l’oeuf. Callum avait su déclencher un orage et rassembler par le fait même les conditions nécessaires à la naissance de Zym.

Bait s’était rapidement montré jaloux de l’affection que son jeune maître éprouvait envers Zym, avant de la partager également et de se lier au dragonceau. Une tortueuse traversée de Katolis et Xadia débuta alors, afin de ramener Zym auprès de sa mère. Elle ne fut pas sans événements, car non seulement Callum voulait en profiter pour attiser sa curiosité et perfectionner sa pratique de la magie, mais ils tombèrent dans des pièges, quand la malchance ne s’abattait pas directement sur eux.

Leur équipe avait dû se séparer pour la coronation du jeune roi Ezran, à laquelle Bait était présent, comme à celle jadis du roi Harrow. S’ensuivit une période de calme et de bonheur relatif pour Bait, qui avait retrouvé la joie paisible de dévorer des tartelettes à la gelée sans tracas, pendant que le roi Ezran décidait de l’avenir du monde : il choisit la paix, malgré l’insistance d’autres souverains à prendre la voie de la guerre. Quand Ezran décida qu’il était temps de partir à nouveau pour s’occuper lui-même du destin des nations, Bait l’avait accompagnée en une longue envolée jusqu’à la base du Storm Spire : à son sommet se trouve l’antre de la reine des dragons et mère de Zym : Zubeia.

Malheureusement, celle-ci était assoupie et un combat titanesque attendait les protagonistes. Les armées de Viren et de Katolis, alliés aux elfes s’affrontaient au sol, pendant que Viren combattait les amis de Bait au sommet. Après que le mage noir soit tombé du haut de l’escarpement rocheux, le combat s’était épuisé et, enfin, Zubeia s’était éveillée, surprise et heureuse de voir la paix entre elfes et humains rétablis.

Le roi Ezran était sur le chemin du retour vers Katolis quand une drôle de situation était arrivée à Bait. Il s’était réveillé au milieu de la nuit en grognant, et avait exploré les parages du camp à la recherche de petits lézards ou d’insectes à manger en guise de collation nocturne. Un portail béant, d’une noirceur pure s’était ouvert devant lui et, avant qu’il ne comprenne ce qui lui arrivait, l’engouffré entier. Sentant le danger, Bait avait bien tenté de se défendre d’un flash de lumière. Peut-être avait-il espérer dissiper ainsi la noirceur, mais ça avait été sans succès. Un instant plus tard, il était aspiré et se retrouvait à Multivercity.

La première chose que Bait réalisa était que la sensation de l’air sur sa peau y était différente. Quand il baissa le menton pour observer ses pattes, un cri strident passa ses lèvres. Un coup de langue – bien trop courte et rigide, remarquerons-nous au passage – sur sa dentition lui confirma immédiatement le pire. Le plus beau des crapauds luisants était devenu un humain. Paniqué, sa peau parsemée de grandes taches colorées se mit à reluire au milieu du chaos de tous ces gens qui semblaient également être apparus ici, en même temps que lui.

Voilà qu’on lui lançait des regards et des quolibets, sans qu’il ne comprenne trop d’abord, avant de saisir et sa nudité le gêna. Il ne savait que faire, n’ayant jamais été un bipède auparavant et, dans un cyclone d’émotions, sa peau se mit à reluire en changeant de couleur. Dans son espèce antérieure, cet instinct servait à communiquer son état autant qu’à le rendre d’une apparence menaçante. Sous cette apparence présente, ça ne semblait pas fonctionner. Du tout.

Soudainement, il se retrouvait face à une femme grande et à l’air autoritaire, sinon sinistre. Un mouvement de surprise secoua Bait alors qu’ils échangeaient un regard. Enfin, elle fut la seule à lui offrir de quoi se couvrir, et le nouvel homme grogna en guise de remerciement, sa peau se tamisant en une lueur plus douce avant de s’éteindre.

Lorsqu’on lui demanda son nom, Bait grogna par deux fois avant de parvenir à cracher son patronyme moqueur. « Bait » avait-il laissé échappé de la voix rauque de celui qui n’a pas parlé depuis longtemps. Ou jamais. D’instinct, il resta auprès de cette Lilith alors qu’ils découvraient où ils se trouvaient : dans un endroit étrange où tous les occupants avaient été enlevés de la même manière.

Heureusement, un tel défi ne semblait pas ébranlé la femme accomplie qui l’avait -peut-être involontairement- recueilli en attendant qu’ils ne trouvent le moyen de rentrer chez eux. Elle sut tirer leur épingle du jeu d’une manière formidable. Ainsi, quelques semaines plus tard à peine s’était-elle retrouvée à la direction du Lycée, pendant que son compagnon en astiquait les moindres recoins, y compris la plaque sur sa chemise, où l’on pouvait lire Bait; réparait le matériel et s’occupait globalement de maintenir l’école en bon état.