Gentil, poli, attentionné, intelligent, Danny a tout d’un Mary-Sue, sans compter son apparence avantageuse. Il y a davantage au jeune homme. Derrière ses sarcasmes bienveillants se tapissent une complaisance qui l’a trop souvent rendu complice des comportements harcelants de son ami, ainsi qu’une curiosité empreinte d’un sentiment d’invulnérabilité qui lui a valu des ennuis à quelques occasions. Si en entrevue on lui demandait quels étaient ses pires défauts, il répondrait sans hésiter : son entêtement et sa superficialité.

Son seul pouvoir est d’être lui-même

La famille de Danny avait quitté son archipel ancestral pour s’établir en Californie quelques années avant sa naissance. Si l’adolescent n’avait jamais été curieux de savoir ce qui leur avait fait choisir Beacon Hills plutôt que Sacramento ou L.A., la raison ne résidait probablement pas que derrière le marché immobilier favorable. Né à l’hôpital de cette même ville, il y a toujours vécu. Très jeune, il a su se lier d’amitié avec le fils adoptif des Whittemore, l’une des familles les mieux nanties du comté. Pas que cela ait été un facteur décisif à six ans…

C’est d’ailleurs chez les Whittemore qu’il a eu accès pour la première fois à un ordinateur. Plutôt naturel, il est rapidement devenu talentueux lorsqu’il était question de programmer et de manier le code informatique. Un passe-temps qui ennuyait parfois Jackson, car il aurait préféré jouer ensemble à courser en voitures. Les tempéraments des enfants évoluaient graduellement en contrastes. Alors que Jackson devenait tranquillement un bourrin, Danny restait un garçon calme et plaisant. Pourtant, des points communs les unissaient toujours, tant au niveau de leurs passions que de leurs tempéraments : tous deux aimaient plaire et visaient l’excellence. L’un par un travail davantage interne, l’autre en projetant ses insécurités sur quiconque n’était pas digne de lui, à ses yeux. C’était bien la raison pourquoi Danny pardonnait les agissements de son ami – à juste titre ou non, il serait juste de l’accuser de complicité – et se contentait de le remettre à sa place par quelques moqueries lorsque Jackson dépassait les bornes : un ami aussi intime que lui savait que derrière son arrogance, Whittemore cachait ses insécurités.

À douze ans, Danny avait insisté pour accompagner son grand-père chez sa sœur, dans l’état où ils étaient nées. Le périple était agréable et aussi sympa qu’il aurait pu l’être pour n’importe quel enfant de son âge retrouvant ses racines. S’il vaut toutefois la peine de le mentionner ici, c’est parce que la grande-tante en question s’était prise le bec avec son grand-père quelques soirs avant leur retour, et en bon petit préadolescent qu’il était, il s’était tapi pour écouter la dispute. Il ne comprenait pas trop ce dont il s’agissait : la sœur aînée traitait son frère de poltron qui n’avait pas su remplir ses devoirs chama…
- Mais tais-toi, Kalama.  
L’avertissement ne sembla pas ébranler la tante, qui poursuivit : son cadet avait fui et abandonné ses devoirs pour un simple conflit face à… un mot hawaïen dont Danny  ignorait le sens, mais dont il reconnaissait les particules océan et noir.

Le lendemain matin, il avait interrogé son grand-père, prétendant ne pas avoir entendu les propos échangés, mais seulement le haussement de ton. Il fut étonné de le voir lui mentir et lui dire que ce n’était rien : comment un homme habituellement aussi ouvert, suffisamment pour l’avoir soutenu lorsqu’il avait fait son coming-out, pouvait-il lui cacher quelque chose? Ce devait être majeur! Le garçon fit mine de le croire et attendit d’être seul avec sa tante Kalama pour investiguer. Elle se montra d’abord réfractaire, mais lorsqu’il lui demanda de but en blanc ce que signifiait le mot qu’il avait surpris, à quelques erreurs de prononciation près, les yeux de Kalama s’écarquillèrent et, après avoir soupiré, elle l’invita à s’asseoir.
- Ça signifie quelque chose comme assombri par la mer. On l’utilise pour parler des choses qui ont été emmenées par les européens et ont nui à nos îles, principalement des animaux.
- Des espèces invasives? J’ai vu un reportage à la télé…
- C’est bien ça. On utilise entre autre ce mot pour parler de…
Kalama avait poussé un autre long soupir, et lui avait fait promettre de ne jamais mentionner cette discussion à sa famille, par respect pour les décisions de sa sœur. Ce qu’elle dit ensuite fit pouffer le garçon de rire. Des loup-garous? Et puis quoi, encore? Il était bien trop vieux pour croire au Père Noël.
- Et des vampires?
- Que je sache, ça n’existe pas.
Mais le terme d’espèce invasive les engloberait. Toujours dubitatif, Danny répondit à sa tante lorsqu’elle lui demanda s’il connaissait la signification de leur nom.
- Brume, céleste, non? Un truc du genre.
- C’est aussi le nom de la pleine lune. 
 
Cette histoire avait été oubliée jusqu’à ce qu’un an plus tard Jackson et lui aient voir un film d’horreur au cinéma. La curiosité de Danny piquée, il avait repensé aux propos de Kalama, mais ne savait pas comment trouver une réponse. C’est au détour d’une conversation sur l’actualité entre ses parents que l’idée avait germé dans son esprit : le FBI devrait bien avoir des fiches pour ce genre de choses! Le jeune adolescent avait donc tenté de pénétrer leur site, sans succès. Il tenta alors sur plus petit, jusqu’à en arriver à hacker le commissariat du comté. Malheureusement, ils ne semblaient pas posséder ce genre d’informations, et pis encore, il s’était fait prendre.

Quand il avait dit à son père qu’il cherchait tout bonnement la preuve que sa tante Kalama ne lui avait pas menti sur les loups-garous, ils eurent une discussion sérieuse l’implorant de rester loin de telles créatures, car rien de bon ne pourrait lui arriver s’il en croisait et, surtout, qu’on le prendrait pour un lunatique s’il allait tenir de tels propos en publics. Par quelques magies de son père, les accusations contre le garçon de treize ans tombèrent et il s’en tira avec un avertissement sévère, et un dossier criminel.

Un an plus tard, il fut opéré d’urgence suite à la découverte d’une anomalie : sa cage thoracique risquait de s’effondrer sur ses poumons et son cœur car les cartilages qui la soutenaient n’étaient pas assez fort. Cela ne l’empêcha toutefois pas de poursuivre ses activités sportives, une fois remis sur pieds. Il avait donc rejoint l’équipe de crosse au titre de gardien de but et, quelques années plus tard, celle d’athlétisme.

À peu près en même temps que les gentils ploucs Scott McCall et Stiles aient commencé à se démarquer – McCall, surtout -  aux pratiques de crosse, un chauffeur de bus avait été attaqué par ce que Danny croyait être un cougar. Il ne se doutait pas, alors que son secret de famille pourrait être relié à cette affaire sordide, ni au coup au visage que lui avait porté Scott au cours d’une pratique, résultant en un nez cassé. L’incident fut pardonné et enterré lorsque Scott passa exclusivement la balle à Danny – pas encore gardien - au cours de leur premier match victorieux de l’année.

C’est quelques jours – ou peut-être semaines – plus tard, lorsque Stiles avait insisté pour être en équipe ensemble dans un projet de science que de premiers embryons de soupçons naquirent. Le fils du shériff lui avait demandé de tracé un texto jusqu’à son ordinateur source, et Danny avait dit qu’il ne savait pas comment faire. Il mentait, évidemment, mais n’avait pas envie de se faire prendre à nouveau et de devoir en payer les conséquences cette fois. Puis, il y avait cet étranger dans la chambre de Stiles. Cet étranger sexy qui serait le cousin Miguel de Stiles. Peu convaincu par ce lien de parenté douteux, il fallut que l’écornifleur dise savoir pour son dossier criminel, et pour son intérêt envers les strip-teases de Miguel, afin que Danny se mette à la tâche et informe le terrible bonhomme que le texto provenait d’un ordinateur de l’hôpital local.
Au bal hivernal, la paix entre Danny et Scott était si bien faite, que Scott força quelque peu Danny a danser ensemble, malgré qu’il ait déjà un partenaire, et un manque criant d’intérêt pour le garçon. Quelle ne fut pas sa surprise de voir le Coach Finstock engueuler Scott, un instant plus tard, et se raviser en réalisant que leurs camarades de classe y voyaient un traitement homophobe. Incertain à savoir s’il se sentait soulagé ou froissé de n’avoir été qu’un outil à la ruse de McCall, Danny l’avait regardé partir sans ne rien ajouter, sinon un regard confus au mec qui l’accompagnait.

C’est au retour des vacances de Noël que l’histoire de la tante Kalama revint avec plus d’insistance à son esprit : en effet, voir du sang noir s’écouler du nez de son meilleur pote avait quelque chose d’un peu flippant. Jackson avait beau dire que ce n’était rien…  Danny commença à relier les points, se demandant si Jackson était réellement lié à ce qui ne pouvait qu’être qualifié de surnaturel : ils se connaissaient depuis toujours! Comment aurait-il pu le lui cacher aussi longtemps?

Danny avait d’autres chats à fouetter : entre ses études et son infatuation pour Matt Daehler, il était plus qu’heureux de suivre le conseil de son paternel et d’oublier ces histoires de loup-garou. Ça aurait été plus facile si Jackson ne lui avait pas fait part, avec une certaine hargne, de requêtes étranges. Certes, Danny était en mesure d’augmenter la visibilité d’un vidéo, mais il ne pouvait pas non plus faire de miracles : il y avait des limitations matérielles et techniques. Il en avait même discuter avec Matt, espérant que le jeune photographe et lui puissent se rapprocher un peu en même temps, et ils avaient découvert qu’il manquait deux heures au vidéo… De Jackson dormant chez lui. Son meilleur pote était un narcissique, mais à ce point, réellement?
Ce n’était que le début d’une série de comportements erratiques de son ami d’enfance. Loyal, Danny avait toutefois poursuivi ses recherches et retrouvé un logiciel lui permettant de restituer les données effacées de la carte mémoire. Le contenu disparut était troublant, et Danny préféra une fois de plus prétendre qu’il n’avait rien vu. Il informa Jackson que la restauration était complète avant de se rendre au Jungle.

Peu enchanté d’y voir son ex, Danny alla se changer les idées auprès d’autres mecs, mais comme plusieurs d’entre eux, il se retrouva griffé et paralysé. Malgré la version officielle, Danny commençait à sentir qu’il se retrouvait de plus en plus souvent au centre d’affaires étranges. Et la distanciation froide que prenait Jackson vis-à-vis de lui ne l’aidait en rien. Il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il confronte éventuellement son ami, lui demandant ce qui clochait et pourquoi il ne répondait plus à ses messages. Pour toute réponse, Jackson lui ordonna de rester dans les buts quoi qu’il arrive et de fuir si il revenait vers lui. Certes, c’était quelque peu ainsi qu’il avait découvert sa vocation de gardien, mais ça restait loin d’être un sentiment satisfaisant.

Lorsque les jumeaux Stelner débarquent à Beacon Hills, Danny ne sent pas les embrouilles se pointer le bout du nez. D’une part, personne ne semble réellement les voir venir, mais c’est surtout que le jeune humain est trop occupé à flirter avec Ethan pour lui trouver quelque chose qui cloche. L’opération séduction est fructueuse et au cours d’une sortie pédagogique ils sont appelés à partager une chambre, ce qui les arrange bien. Leurs baisers furent interrompu à trois reprises : la première fois, Danny fit fi des taquineries d’Ethan ; la seconde, il expliqua la cicatrice et réfuta l’envie de s’en débarasser, alors qu’un doute naissait à son esprit ; la troisième mit fin à la séance de roulage de pelle, car Ethan s’était enfermé dans la salle de bain, laissant Danny seul avec ses réflexions et ses manuels scolaires. L’offre de son compagnon et son attitude étrange pouvaient-elles être liées à la lycanthropie? Il préférait croire que non. Ainsi débutent des recherches qui le mènent à effectuer un devoir sur les courants telluriques existant à Beacon Hills. Lorsqu’il demande conseil au professeur de physique, il se prend plutôt un avertissement, lui indiquant de se concentrer sur autre chose. Danny obéit, mais ne peut oublier les choses qu’il a apprises, et comprises sur la présence et la densité des courants telluriques à Beacon Hills.

Quelques temps plus tard, il s’étouffe dramatiquement, sans comprendre ce qui aurait pu en être la cause. Lorsque Ethan l’emmène à l’hôpital, l’infirmière – la mère de McCall – établit le lien entre le gui qu’il vient de vomir et la pression induite dans son thorax. Alors qu’il craint de mourir étouffé, elle lui sauve la vie. Décidément, son système respiratoire lui est problématique, songe-t-il en la remerciant doucement. Il resta quelques jours en convalescence, mais serait sur pieds assez rapidement pour participer au concert pour lequel il s’est pratiqué depuis le début de l’année.

Malgré la ponction administrée, il était certain d’avoir suffisamment de souffle pour jouer au moins correctement. Ethan l’accompagna et l’aida à se préparer, l’enjoignant même de le retrouver si quoi que ce soit se produit. Évidemment, cela ne rassure pas Danny, qui prend sa place sur son tabouret en attendant le début du spectacle. Tout se déroule comme prévu, jusqu’à ce qu’une mesure leur fasse perdre leurs sens, comme hypnotisés : la troupe se met à jouer avec une ardeur décuplée, presque violente, pour culminer au moment où la pianiste meurt, assassinée par son instrument.  Danny n’aurait pu su dire quelle force s’était emparée de lui, mais une chose était certaine : ça ne semblait pas naturel.

Danny remarquait de plus en plus les comportements étranges de ses divers amis. Lydia, par exemple, avait du mal à se concentrer en cours, dérangée par des insectes invisibles. Ça ne l’empêchait pas de vivre sa vie normale d’étudiant un peu volage et de profiter du statut indéfini de sa relation avec Ethan pour tester d’autres eaux. Pour organiser une soirée Blacklight, également, avec l’aide des jumeaux.  Sa soirée est évidemment un succès. L’artiste qu’il a dénichée s’affaire à le peindre à l’aide de chromophores et Ethan disparut sur les entrefaites. À sa recherche, Danny tomba plutôt sur Lydia, congelée, et s’affaire à réchauffer son amie. Le party est mis à mal lorsque le propriétaire du loft rentre chez lui, visiblement dans l’ignorance de la soirée qui y avait lieu, détruit la table du DJ et ordonne à tous de sortir.

Une liste de plus en plus impressionnante de potentiels surnaturels au sein du lycée se formait dans l’esprit de Danny, alors que les meurtres proliféraient autour du lycée. Inquiet pour sa sûreté – n’avait-il pas déjà payé suffisamment les frais de ses amitiés avec des loup-garous? - il décida enfin de suivre les conseils de sa grande-tante Kalama et de rompre avec Ethan une bonne fois pour toute. Il en profita pour lui admettre avoir deviner sa seconde nature, suffisamment honnête pour indiquer que c’était la cause réelle de leur rupture.

La mort dans l’âme, Danny avait décidé de rentrer chez lui dans le but de discuter de cette situation avec ses parents, mais aussi de les confronter : avaient-ils délibérément ignorer tout ce qui s’était passé ces derniers mois – peut-être années – à Beacon Hills? La pensée était effroyable, et frustrante. Elle fut néanmoins coupée courte lorsqu’un portail sombre apparut devant lui et l’englouti pour le faire réapparaître dans un endroit bien différent. Il ne semblait d’ailleurs pas être le seul dans cette situation, s’il se fiait à l’agitation autour de lui.

Comme quoi, on ne pouvait réellement fuir l’Étrange.