Henry n’avait jamais été le genre d’enfant qu’on peut martyriser facilement. Il ne se battait pas plus que ça, mais il savait se défendre. Il n’était pas petit-fils de prince pour rien. A Storybrooke, de toute façon, personne n’osait s’en prendre au fils du Maire. La malédiction augmentait encore la terreur que Regina provoquait naturellement quand elle vivait dans la Forêt Enchantée. Ici aussi, elle était le Maire, mais les collégiens n’avaient pas peur d’elle. En fait, la plupart ne savaient probablement rien du Maire de la ville. En tout cas, elle ne leur inspirait aucune frayeur, du moins, pour l’instant.

Henry, à treize ans, était un petit. Et les grands aimaient à embêter les plus jeunes. Il n’en avait pas encore fait les frais parce qu’il était prudent et qu’il ne se confrontait pas aux autres, pour l’instant, en tout cas. Mais il n’était pas là depuis très longtemps. En plus, les jeunes venaient de tous horizons, dont certains étaient malveillants et ils n’hésitaient pas à choisir leurs proies parmi tous les plus jeunes, nouveaux ou pas. Certains se rebiffaient et soit ils étaient assez forts pour imposer le respect, soit c’était encore pire. Henry n’avait pas encore eu à prendre cette décision.

Mais il ne savait pas que ça allait bientôt venir. Il se sentait un peu nostalgique ce jour-là. Juste avant son départ, il avait appris la mort de son père et il n’était effectivement pas dans cette ville, à sa connaissance. Il lui manquait. Il s’était installé dans un coin de la cour, son livre ouvert sur l’image du petit garçon qu’il avait autrefois été. Il n’avait pas d’image de son père adulte dans son livre, puisque celui-ci racontait les histoires de la Forêt Enchantée, mais ça n’était pas grave. La symbolique était là et elle lui suffisait. Il aurait voulu mieux connaître cet homme qui l’avait engendré.

Il avait le cœur gros, mais il ne pleurait pourtant pas. Soudain, son livre sortit de son champ de vision. Une bande d’élèves plus âgés venaient de le lui prendre, en se moquant de lui comme s’il était un bébé qui rêvait aux contes de fées. Il fronça les sourcils et essaya de rattraper son livre sans y parvenir. Les autres garçons étaient beaucoup plus grands que lui mais il n’en démordit pas pour autant. Ils s’amusaient de le faire sauter comme un chien entraîné et Henry fronça les sourcils et se mordit la lèvre, contrarié.

« Rendez-le moi ! »

Mais rien à faire. Ils se moquèrent et l’un d’eux alla même jusqu’à le pousser suffisamment fort pour que Henry tombe assis sur le sol, ce qui sembla les faire beaucoup rire. Le jeune homme, lui, ne riait pas. Il commençait à s’en faire, même. Il ne s’attendait pas à rencontrer autant de difficulté dans le milieu scolaire. Mais il ne pourrait pas récupérer son livre seul, ce livre qui était le réceptacle de son passé, de ses origines, auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux. Et qui n’était qu’un moyen de le torturer pour eux.



Halloween

Henry sautait pour essayait de rattraper son livre. Il se sentait bête, il se sentait humilié, mais surtout il avait peur. Le livre de contes était précieux et il ne voulait surtout pas qu’on l’abîme. Mais ces garçons ne semblaient pas décidés à lui rendre son bien. Ils trouvaient amusants de le torturer. Henry ne trouvait pas ça amusant du tout, mais il ne pouvait rien y faire. Ils étaient plus grands que lui, plus forts que lui, il n’était pas capable de se défendre contre tout un groupe tout seul. Il n’aimait pas ça, il avait l’impression de revoir le moment où il regardait les autres vivre leur vie de héros.

Justement, en parlant de héros, une jeune fille surgit qui, à grand renfort de coups de poings mit fin à la tyrannique intervention de leurs camarades et récupéra le livre de Henry. Du travail vite fait bien fait qui rendit le garçonnet admiratif. Il ne savait pas qui était cette jeune fille mais elle en avait dans le ventre. Quand elle lui tendit son livre, il était un peu déçu de ne pas avoir réussi à se défendre tout seul, mais il lui était trop reconnaissant pour que ce soit un vrai problème. Il se contenta donc de lui sourire.

« Merci de ton aide. Je m’appelle Henry, Henry Mills. Enchantée, Jaya. Tu fais peur en vrai, je suis content que tu sois dans mon camp. »

Il sourit en reposant ses yeux sur son livre. Il était content de l’avoir récupéré. Bien entendu, elle ne pouvait pas comprendre ce qu’il représentait pour lui. Mais elle semblait assez sympa pour que Henry le lui explique. Il avait l’intuition qu’elle ne se moquerait pas de lui, contrairement à d’autres, et qu’elle ne chercherait pas non plus à tirer profit de la situation. Il ne savait pas encore faire le tri entre les personnes qu’il pouvait croire ou pas dans ce monde, mais elle faisait clairement partie de la première catégorie, vu comme elle l’avait aidé. Il en était sûr.

« Oui, c’est un livre très important pour moi. C’est tout ce qu’il me reste de mon père. »

Pour n’importe qui d’autre, cela voudrait sûrement dire son dernier cadeau, mais Henry ouvrit le livre à la page où l’on voyait le jeune Baelfire parler avec son père avant de partir dans le tourbillon qui devait les amener dans un monde dépourvu de magie. Ce moment où son grand-père avait trahi son père, mais surtout ce moment dans le livre où il était le plus âgé, le plus proche de l’homme qu’il était avant de mourir. Henry n’avait même pas eu l’occasion de lui dire au revoir, et maintenant, il ne le reverrait plus. Il n’avait plus que son histoire pour se rappeler qui il était.

« C’est lui », dit-il à Jaya en montrant l’image. « Mon père. »


Halloween

Henry n’avait pas vraiment peur de la nouvelle venue, mais il était très touché qu’elle l’ait défendu. Il savait très bien que ce n’était pas évident de s’opposer à ces brutes. Il fallait du courage et elle en avait. Mais elle ne savait pas s’il n’allait pas y avoir de représailles, elle ne pouvait pas le deviner. Henry serait bien peiné s’il devait arriver quelque chose à sa camarade. Il savait que les brutes dans ce genre-là ne se laissaient pas facilement intimider. Elle avait gagné cette bataille, mais allaient-ils poursuivre la guerre ? Tel était la question. Pour le moment, ils étaient en sécurité.

Henry allait devoir apprendre à se battre. Son grand-père avait commencé à lui apprendre à se battre à l’épée. Mais il n’avait pas la capacité de se battre à mains nues comme Jaya venait de le faire. Cette pensée lui donna une idée. Peut-être qu’il serait intéressant de partager leurs savoir-faire. Ils pourraient se défendre mieux, mais aussi s’amuser ensemble et passer du temps à faire des choses agréablement. Globalement, ce serait un bon moyen de nouer une nouvelle amitié de cette façon. Henry était toujours content de se faire de nouveaux amis. En plus, il était là depuis trop peu de temps pour en avoir beaucoup.

« J’ai une idée. Tu m’apprends à utiliser mes poings, et moi je t’apprends à te battre avec une épée. Mon grand-père m’a appris. »

Quand elle demanda si son père était mort, Henry baissa les yeux avant de hocher la tête avec tristesse. Il n’était pas spécialement heureux d’en parler, mais il était quand-même fier de son père. Après tout, il était mort en héros. Et d’après ce qu’il savait, il avait quitté sa mère à-cause de Pinocchio et pour une bonne raison. C’était quelqu’un de bien. Mais bien entendu, ça ne le consolait pas complètement du fait que sa mort laissait un horrible vide dans son cœur et dans sa vie. Henry était entouré, c’était indéniable, mais son père lui manquait quand-même.

« Oui. Un peu avant que je parte. Il est mort en héros, tu sais. Il a sauvé son père à lui. »

N’importe où ailleurs, notamment à New-York, il n’aurait jamais pu dire que son père venait du pays des Contes de Fées. Il n’aurait reçu que quolibets et moqueries. Mais ici, les origines des gens étaient tellement diversifiées que personne ne s’étonnait de voir quelqu’un qui avait de la famille parmi les princes et les princesses des livres de contes. C’était une origine comme une autre. Il la regarda avant de contempler à nouveau le contenu de son livre. Son père n’était pas connu dans le monde des contes, mais son grand-père… C’était lui le véritable lien qu’il avait avec les contes connus.

« Il n’est pas très connu. Mais son père est Rumplestitskin. Il est décrit comme un nain, parfois, mais il ne l’est pas du tout. C’est un terrible sorcier, empli du pouvoir des Ténèbres. Parfois, on dirait qu’il essaie de les utiliser pour bien faire, mais les Ténèbres ont tendance à le rattraper. »

Il était triste de savoir que son grand-père était probablement condamné à s’orienter toujours du côté du mal. Il avait envie de croire à la rédemption pour tout le monde. Mais chacun devait faire ses choix et s’il avait envie de rester du côté du mal, personne ne pouvait le forcer. Henry espérait tout-de-même que l’amour qu’il avait pour la jolie Belle finirait par offrir à son grand-père le salut et l’impulsion qu’il lui fallait pour ne plus se laisser aller aux Ténèbres. Il n’y croyait qu’à moitié, mais il était le seul à pouvoir vraiment y croire.

« Oui, ils en font tous partie. Ma maman est la fille de Blanche-Neige et du prince Charmant. Et ma maman adoptive, c’est la belle-mère de Blanche-Neige. Mais elle est gentille maintenant. Et toi, à quoi ressemble ta famille ? »

Halloween

Henry était persuadé que ce n'était pas une mauvaise chose d'apprendre à se défendre. Ce n'était pas la meilleure solution du monde de choisir de se battre, mais quand on ne vous laissait pas le choix, c'était utile de pouvoir en remontrer à ceux qui essayaient de vous intimider. En échange, le jeune garçon serait ravi de montrer à sa camarade comment on lui avait appris à se servir d'une épée. Ce serait sûrement la base d'une solide amitié. Henry n'avait pas encore d’amis car il n’était ici que depuis trop peu de temps et il était impatient de s'en faire. En plus, elle semblait avoir tendance à vouloir protéger les autres et c'était quelque chose qui parlait bien au jeune garçon.

« Cool alors ! Je vais me procurer des épées et on s'organise ça. »

Le jeune garçon sourit à sa camarade lorsque celle-ci confirma que son père était un véritable héros. Même s'il se consolait en pensant de cette façon, ça ne changeait pas le fait qu’il lui manquait beaucoup et que Henry regrettait de ne pas avoir pu en apprendre plus et passer plus de temps avec lui, compte tenu du fait qu'il avait fréquenté bien peu de monde dans sa vie d'adulte. Il était mort avant même que Henry ne puisse retrouver la mémoire et partager des choses nouvelles avec lui. Le destin pouvait être tragique parfois. Mais le fait d'avoir une personne qui était capable de vous offrir un peu de réconfort mettait un peu de chaleur dans le cœur du garçonnet.

« De toute façon, le conte ne mentionne qu'une seule de ses aventures et même pas la première qu'il ait vécue. La fille du meunier, c'était aussi la mère de ma maman adoptive. C’est elle qui a assassiné la mère de Blanche-Neige pour que sa fille devienne la nouvelle reine. Je te l'ai dit, mon ascendance est compliquée. »

La famille de sa nouvelle amie n'avait pas l'air très simple non plus mais heureusement, elle n'était pas agrémentée de belles ceci ou de demi cela. Mais ils étaient de nobles naissances, comme Henry finalement. Il était triste de constater que ses parents n'avaient jamais accordé à Jaya l’attention dont un enfant aurait besoin. Du moins, c'était ce qu'il comprenait de son discours et il trouvait que c'était une chose triste. Si un parent n'était pas capable d'accorder à son enfant l'intérêt qu’il méritait, il ne voyait pas à quoi cela servait d'en faire. La nouvelle de la mort de sa sœur jumelle était extrêmement triste également.

« L'histoire de ta famille me semble bien triste. Si tu as perdu ta sœur et que tu ne peux même pas la pleurer avec tes parents, ce doit être particulièrement difficile. Moi, au moins, je peux partager ma douleur avec ma maman. Mais j'essaie de ne pas trop le faire. C’est compliqué pour elle parce qu'il l'a trahie, mais pour de bonnes raisons et puis, je crois qu'elle l'aimait quand-même. Je crois qu'elle n'a pas trop envie de s'attarder sur ce qui se relie à mon père. »

Mais au moins, il n'avait pas l'impression d'être seul face à l'adversité, ce qui était probablement le cas de Jaya. S’il y avait bien une chose qui faisait de la peine à Henry, c'était de voir quelqu'un qui avait l'air d'être seul au monde de cette façon. Il n'avait plus qu'une envie, c'était la prendre dans ses bras et de lui dire que lui au moins serait là pour elle, un peu comme un frère pouvait être là pour sa petite sœur. Ce ne serait probablement pas la première fois que Henry jouerait au frère et pas la dernière non plus.

« Tu vis où ici si tes parents ne sont pas là ? Il y a quelqu’un qui s’occupe de toi ? »

Elle se demanda depuis combien de temps il avait retrouvé sa maman et il devait bien avouer qu'il avait beaucoup de chance de ce côté-là. il l'avait retrouvée presque tout de suite. La seule chose, c'était que c'était compliqué entre ses deux mamans, et qu'il allait devoir faire le tampon afin qu'elles ne se disputent pas à son sujet comme elles l'avaient fait autrefois. À son époque, elles coopéraient bien plus toutes les deux. Mais Henry venait d'un peu plus tard que les versions de ses deux mères qui étaient à cet endroit.

« J'ai eu de la chance, j'ai trouvé maman presque tout de suite après mon arrivée. Elle m'a amené à ma seconde maman et elles font un genre de garde partagée. Comme ça, je peux passer un peu de temps avec toutes les deux. Crois-moi c'est un miracle qu'elles en soient déjà arrivées à ça », dit-il en riant car elles avaient tellement l'habitude de s'écharper qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle se mettent aussi rapidement d'accord.


Halloween

La question n'était pas de savoir s'il existait un conte connu qui évoquait Rumplestitskin, il y avait des références à son histoire dans beaucoup de contes de fées. Mais ce n'était pas son grand-père dont Henry voulait entendre les histoires, mais son père qui lui manquait beaucoup plus. c'était étrange de vivre dans une famille issu des contes de fées car tout était mélangé. Il avait d'autant plus eu le temps de s'y faire qu'il avait été convaincu très vite par son livre de contes, mais il était difficile de l'expliquer à quelqu'un d'autre et de le convaincre que ce n'était pas quelque chose de si étrange. Mais évidemment, ce n'était pas aussi simple pour quelqu'un d'étranger à la famille comme Jaya.

« Ho j'espère bien qu'elle ne viendra jamais ici ! Elle est très dangereuse, tu n'imagines même pas ! Elle fait tout pour que ma mère devienne quelqu'un de mauvaise et choisisse d'utiliser ses pouvoirs pour faire le mal. Heureusement, je pense que ma mère ne se laissera plus manipuler à ce sujet. »

Henry avait toujours su raconter les histoires. Il bougea et s'installa plus confortablement afin d'être plus à l'aise pour raconter son histoire. Il fallait reprendre le commencement est notamment la raison pour laquelle Emma avait été envoyée dans ce monde à l'origine. Enfin, pas le monde dans lequel il se trouvait mais le monde duquel il était parti. Elle avait été envoyée dans le monde qui était dépourvu de magie et qui devait permettre à la fillette de grandir jusqu'à ce qu'il soit temps pour elle d'aller sauver sa famille. Évidemment, elle avait fini par y parvenir.

« Ma mère a été envoyée dans un autre monde où elle a grandi comme une orpheline, parce que son destin était de sauver les siens. Elle a rencontré mon père et ils ont passé du temps ensemble. C'est comme ça que j'ai été conçue. Mais après, Pinocchio est arrivé pour convaincre mon père qu'il devait trahir ma mère afin de la laisser avancer vers son destin. Pinocchio avait été envoyé dans ce monde pour protéger ma mère et c'est pour ça qu'il a fait ça. Mais mon père n'a jamais voulu abandonner ma mère. »

Henry était assez d'accord pour dire que Emma avait besoin de temps et qu'il était probable qu'il viendrait un moment où elle n'aurait plus autant de mal à parler de Neal. Mais le jeune garçon ne pouvait s'empêcher de se sentir en souffrance face au fait que son père n'était plus de ce monde. Quelque part, cela lui faisait du bien d'en parler à sa camarade. Au moins, il pouvait verbaliser ce qu'il éprouvait, même s'il avait conscience que ça ne résoudrait pas tout. En tout cas, il avait vraiment le sentiment que son père resterait toujours présent dans sa vie d'une manière ou d'une autre.

« Tu as raison. Merci en tout cas. Cela fait beaucoup de bien de parler de tout ça avec toi. »

Mais elle aussi avait une histoire difficile et triste. Il s'intéressait beaucoup à elle et il ne put s'empêcher de lui demander où elle vivait et les détails sur sa vie actuelle. Mais apparemment, l'orphelinat n'était pas vraiment bien géré et de ce que disait Jaya, Henry avait un peu l'impression que les enfants étaient laissés à eux-mêmes sans vraiment de surveillance et d'encadrement. Cela ne devait pas être une vie très amusante pour les enfants qui habitaient là-bas. Le jeune garçon était content de ne pas dépendre de cette institution. Il avait ses deux mères et il était tranquille. Mais c'était triste pour sa nouvelle amie.

« C'est dommage. J'espère que quelqu'un finira par s'en occuper. Je suis sûr qu’une personne comme ma grand-mère serait ravi de s'investir dans un tel projet et de s'occuper des enfants. Mais encore faudrait-il qu'elle y pense. Je me demande si ça ne pourrait pas être bien de proposer ça à quelqu'un. »

Lui, il vivait avec deux mamans, et c'était vrai que ce n'était pas une situation des plus courantes. Mais c'était compliqué, surtout à cause du fait que l'une de ces deux mères avait tenté de tuer l'autre et qu'en se mettant au milieu, il s'était mis en danger. Il ne savait pas si les choses s'étaient un peu calmées mais il n'en avait pas eu l'impression les dernières fois qu'il avait échangé avec l'une ou l'autre. L’idée de se retrouver entre les deux ne plaisait pas beaucoup à Henry qui espérait qu’il n'allait pas devoir faire tampon entre les deux femmes pour avoir l'esprit tranquille. Il savait malheureusement que ce n'était pas totalement impossible.

« Non, elles sont pas ensemble. Emma est celle qui m'a mise au monde et Regina est celle qui m'a élevé. Mais à ce moment-là, quand je suis allé chercher Emma, elle était celle qui allait briser le sort de Regina. Alors, elles ne pouvaient forcément pas s'entendre. Ça se passe mieux parce qu'elles veulent le mieux pour moi, mais c'est pas encore tout à fait ça. Et elles passent beaucoup de temps à se chamailler. »


Halloween

De toutes les personnes qu’il avait rencontrées provenant des contes, la mère de sa maman Regina était sans aucun doute la plus noire de toutes. Même Rumplestitskin demeurait plus nuancé malgré les ténèbres qui le consumaient. Non, il ne valait mieux pas que cette femme débarque ou le monde actuel, et sa maman surtout, seraient en grand danger. S’il y avait bien une chose dont il était certain, c’était que sa mère méritait ce qu’il y avait de mieux. Il était prêt à la défendre et à la protéger, mais il savait qu’il ne pouvait pas grand-chose contre les adultes.

Il était si difficile d’être un jeune garçon dénué de tout pouvoir. Henry avait toujours eu cette sensation de ne pas être un des héros de l’histoire, de ne pas avoir d’impact dans les affaires qui se passaient, de ne pas pouvoir aider à combattre les méchants et de ne pas pouvoir vaincre le mal avec sa famille. Il se sentait seul et perdu, mais il avait fini par se dire que le plus important était d’avoir une place dans sa famille et de les avoir réunis autour de lui. C’était ce dont il avait envie aujourd’hui, mais si beaucoup étaient là, ce n’était pas le cas de son père.

« C’est une très bonne chose. »

L’histoire de Blanche-Neige et du Prince Charmant et celle de Emma était l’histoire que Henry connaissait le mieux. C’était à-cause de toute cette histoire qu’il avait été la chercher en premier lieu, pour qu’elle rompe la malédiction et elle l’avait fait. Il n’avait pas de mal pour raconter l’histoire avec Jaya et lui en partager les détails. Mais il savait très bien que c’était une histoire qui ne ressemblait pas à la réalité. C’était le propre d’un conte. En revanche, Henry était assez doué pour le raconter, il avait le sens du conteur et il ne savait pas pourquoi il en était ainsi.

« Blanche-Neige et le Prince Charmant ont placé le bébé dans un arbre magique taillé par Gepetto, le concepteur de Pinnochio. Ca l’a envoyée dans ce monde. J’ai rencontré mon père il y a longtemps, mais je n’ai pas pu le revoir avant de retrouver tous mes souvenirs. Et après cela, il était mort. »

Il était peiné d’entendre que l’orphelinat ne fonctionnait pas comme il devrait. Mais si sa grand-mère commençait à en prendre la charge, alors, cela se passerait bien, il en était certain. Elle était douée avec les enfants, elle l’avait toujours été. Ce n’était guère étonnant puisqu’il s’agissait de son ancienne professeur. Mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être triste pour elle. Il réfléchit un instant et tourna vers elle un regard lumineux, comme s’il venait d’avoir une grande idée.

« Je pourrais te la présenter ! Tu pourrais lui dire comment les choses se passent pour toi ! Qu’en penses-tu ? »

Il n’avait pu s’empêcher de partager à sa nouvelle amie ses craintes au sujet des disputes entre ses mères. Elle se voulait encourageante, mais il devait bien admettre que c’était compliqué de se retrouver entre les deux.

« J’habite principalement chez ma mère Regina, mais quand mon autre mère aura un logement fixé, je pense que je vais alterner. »

Halloween

Sa nouvelle camarade comprenait bien ce que cela voulait dire de perdre quelqu'un de cher puisqu'elle avait elle-même perdu sa sœur jumelle. Henry partagea avec elle un regard douloureux montrant qu'il comprenait bien ce par quoi elle passait. C'était le genre de deuil qui ne se réglait pas en peu de temps, une blessure qui mettait toujours un certain temps avant de cicatriser. Le souci de Henry, c'était qu'il venait juste de se rappeler ce père qu'il avait perdu et c'était à ce moment-là qu'il avait appris cette perte, cela faisait beaucoup.

« C'est dur de perdre les gens qu'on aime, mais ce qui est sûr, c'est que c'est plus facile avec des amis sur qui compter, alors tu pourras compter sur moi. »

C’était un cadeau qu’il était prêt à faire à sa camarade en étant persuadé qu’elle le ferait pour lui aussi. C’était agréable d’avoir trouvé une amie dans cette école, dans cette ville étrange vers laquelle tout le monde était attiré. Henry n’avait jamais eu de difficulté pour se faire des amis, mais il n’en avait pas encore dans cet endroit. De fait, il ne pouvait s’empêcher de savourer cette naissance d’une amitié avec Jaya. Il était persuadé qu’ils pourraient s’entraider pour gérer les conflits émotionnels qu’ils éprouveraient très probablement, liés à la perte d’être chers, combinée à celle de se retrouver loin de chez soi.

Il comprenait aussi son envie de rencontrer sa grand-mère. Le conte de Blanche-Neige faisait partie de l’héritage culturel de la jeune fille, comme de celui de beaucoup de sociétés de type humaines. Mais elle était curieuse de l’histoire de cette femme comparativement à celle du conte, qui semblait proche de celui de son monde, du moins, dans le monde sans magie. Celui de sa grand-mère était un peu différent mais il pensait qu’il préférait vraiment cette version-là. Au moins, elle avait la classe quand elle se battait contre les méchants. Elle n’était pas une innocente et une fragile jeune fille qui attendait le prince charmant.

« Elle n’est pas comme dans le conte. Elle est géniale. Elle a passé énormément de temps dans la forêt à piéger les convois de la reine pour récupérer de l’argent. Une fois, elle a piégé le mauvais convoi et elle a volé la bague de mon grand-père. Il a voulu la récupérer et c’est comme ça qu’ils ont fait connaissance. Après, ils ne pouvaient penser que l’un à l’autre. Ce fut le début de tout. »

Il ne doutait pas que Emma et Regina l’aimaient toutes les deux beaucoup. De plus, elles faisaient beaucoup d’efforts pour composer l’une avec l’autre pour lui, même si cela pouvait leur être difficile. De fait, il fallait bien qu’il se montre un minimum compréhensif. Mais ce n’était pas facile, il avait parfois l’impression d’être tiraillé entre deux bouts de corde. Cela dit, cela avait été pire auparavant. Il fallait sans-doute se montrer reconnaissant à la vie et essayer de comprendre les interactions nécessaires de ses mamans.

« Tu as raison. Mais c’est compliqué d’être entre les deux. Enfin, j’imagine que ça ira de mieux en mieux. »

Halloween

Cette simple promesse mutuelle de se parler et de s'écouter était déjà beaucoup pour Henry qui avait l'impression de faire face a sa toute première amitié sincère dans ce nouveau monde. Il n'avait jamais eu tant de mal que ça à se faire des amis, mais il demeurait qu'une amitié sincère n'était pas toujours facile à trouver et qu'il était heureux de pouvoir avoir quelqu'un pour parler avec lui des personnes qui pouvaient lui manquer. Il espérait tout de même qu'elle ne se priverait pas pour faire de même avec lui. Il était convaincu genre de choses devait aller dans les deux sens.

« Merci beaucoup. C'est vraiment chouette de se dire que l'on a un ami sur qui on peut compter en cas de coup dur. »

Ill lui raconta la vie de Blanche-Neige mais pas celle que tout le monde connaissait. La Blanche Neige qui avait engendré la mère de Henry était d'une autre trempe que l'innocente héroïne que présentaient les contes de fées. Jaya était impressionnée et certaine qu'ils avaient dû vivre beaucoup d'aventures dans les forêts du royaume avant d'en arriver à leur fin heureuse. C'était la vérité mais même s'ils s'étaient battus avec difficulté, ils l'avaient faits avec un tel courage que cela forçait l'admiration.

« Ca a été une période difficile de leur vie, mais c'est parce qu'ils se sont battus de cette façon qu'ils ont gagné avec courage leur fin heureuse. Moi, je dis que c'est un exemple à suivre », dit-il avant d'ajouter ce qui complexifiait la relation, c'est-à-dire qui était la reine. « A ce niveau, à la base, le conte est fidèle puisqu'il s'agit bel et bien de sa belle-mère. Mais elle n'a jamais voulu épouser le roi. C'est la mère de la reine qui a tout combiné pour que cela se produise. Elle a tué l'homme que la reine aimait pour la forcer à épouser le roi. Du coup, elle s'est trouvée dans un mariage malheureux et oui, elle a tué le roi et a voulu tuer Blanche-Neige mais ce n'était pas complètement sa faute. Et puis par la suite, elle m'a adopté. Du coup, pour moi, c'est ma mère. »

Il resta silencieux un moment en pensant à la complexité de sa famille. Il était le fils adoptif de la belle-mère de sa grand-mère, et finalement, quand on regardait du côté paternel, ce n'était pas vraiment mieux. Les membres de sa famille avaient passé beaucoup de temps à se chamailler et à tenter de se tuer les uns les autres, ce n'était pas forcément idéal pour se retrouver autour d'une bonne table le soir de Noël et pourtant, il connaissait ses mères et il se doutait que c'était ce qui allait arriver. Mais Jaya avait raison, c'était quelque chose à encourager.

« Je pense que, pour moi, à tout le moins, elles en seront capables. »


Halloween

Même si elle avait l’air gentil, même si elle l’avait secourue et qu’elle faisait le nécessaire pour qu’ils soient amis, même si elle n’était pas dangereuse et qu’il avait déjà une certaine confiance en elle, quand elle lui demanda si elle pouvait lui emprunter son livre, il ressentit un léger malaise et baissa les yeux dessus, renforçant un peu sa prise sur lui. Il n’était pas facile de partager le seul vestige qu’il avait de son passé. Et ce livre était capital pour lui depuis si longtemps, qu’il avait du mal à le voir comme un simple livre désormais. Il était bien plus que ça.

« Bon… d’accord », finit-il par accepter. « Mais tu feras super attention, hein, tu promets ? »

Dans son école de magie, elle devait avoir plein de copains et de copines et être plutôt populaire. C’était logique que ses amis lui manquent. Mais Henry était enchanté à l’idée de lui offrir un peu de camaraderie dans ce nouveau monde où ils étaient tous prisonniers, même s’ils ne le ressentaient pas forcément comme ça. La réalité, c’était que ce monde imposait un voyage sans retour. Il valait mieux se faire des amis et un réseau à cet endroit. Au moins, on était sûrs de vivre une vie la plus heureuse possible, même si ce n’était jamais facile. En tout cas, Henry l’espérait.

« Tu peux désormais compter sur moi comme ami, en tout cas. Je t’aiderai autant que je peux, même si c’est pas super évident pour moi non plus. »

Henry avait toujours été indigné par le comportement que Cora avait eu avec Regina, du moins, depuis qu’il l’avait découvert. Il ne pouvait s’empêcher de penser que c’était sa faute si le cœur de Regina avait noirci. Bien entendu, personne ne sait comment les choses auraient tourné si elle ne l’avait pas fait. Henry n’existerait probablement pas puisque sans la malédiction, Emma n’aurait sûrement jamais connu Baelfire. Sans toute cette haine et toute cette malveillance, il n’y aurait sûrement jamais eu de Henry. Le bonheur de Regina aurait-il été plus ou moins grand, il ne le savait pas.

« Cora, la mère de maman, était vraiment une femme dangereuse. Elle a fait beaucoup de mal à ma famille. Elle a essayé de manipuler sa fille pour avoir ce qu’elle voulait. Elle ne s’est jamais rendu compte à quel point elle lui faisait du mal, je pense. »

Regina semblait plutôt bien dans cette nouvelle ville et cette nouvelle vie, malgré la proximité de Blanche, Charmant et Emma. Mais entre les deux, la tension ne s’apaisait pas et l’explosion menaçait toujours. Cela fatiguait quelque peu Henry. Il aimait ses mères et aurait voulu que jamais la haine s’installe. Malheureusement, les bases de leur passif n’aidaient pas à faciliter le contact entre les deux. Cela avait tendance à fatiguer le garçonnet qui faisait ce qu’il pouvait pour ne pas le leur reprocher. En revanche, il s’éloignait un peu, forcément. Mais il ne se fâchait pas.

« C’est dur. Elles se sont opposées si longtemps, c’est électrique entre elles. Elles sont toujours en train de se tirer dans les pattes. Ca me fatigue un peu, je t’avoue. »


Halloween

Henry sentait que Jaya était soigneuse envers les livres et qu'elle les aimait, non seulement pour leur lecture, mais aussi pour ce qu'ils étaient en tant que tels, des outils et des échanges. Même si son livre était ce qu'il avait de plus précieux, car il racontait l'histoire de sa propre famille, le jeune garçon avait envie de faire confiance à sa nouvelle amie et de lui prêter. Il savait qu'il s'inquiéterait quand-même jusqu'à ce qu'elle le lui rende, mais il ne voulait pas se montrer égoïste. Ce n'était pas quelque chose de bien pour un prince, ce qu’il était finalement ce qu'il était.

« Merci. Il est vraiment très précieux pour moi. C'est lui qui a permis de me donner une vraie famille et chaque fois que je l'ai perdu, il s'est passé quelque chose de pas bien. »

En tout cas, Henry n'aurait pas pu espérer une meilleure chance d'avoir quelqu'un de précieux dans sa vie. La jeune fille était vraiment douce et bienveillante et elle serait sûrement une amie de valeur. Elle semblait contente de l'avoir rencontré aussi, ce qui faisait dire au jeune homme que les choses allaient certainement être plus facile avec quelqu'un comme Jaya à ses côtés. Il devait bien reconnaître qu’il attendait avec impatience que les choses se développent, même s'il ne savait pas encore ce que ça aurait pour conséquence.

« Il va falloir s'entraider, tu as raison. Je ne sais pas trop pour quelle raison on a tous été amenés ici, mais c'est évident qu'il se passe quelque chose et je n'ai clairement pas envie de me trouver pris au dépourvu sans alliés pour m'aider. »

C’était peut-être une réaction un peu trop liée aux mésaventures qui s'étaient produites à Storybrooke. Mais il en avait vu assez pour comprendre que dans un monde qu'on ne connaissait pas, avoir des alliés en qui on pouvait avoir confiance était quelque chose de primordial. Il avait donc l'intention de sauter sur cette occasion. L'exemple de Cora n'en était qu'un parmi tant d'autres mais il avait démontré au jeune homme à quel point il pouvait être dangereux de laisser les choses se produire sans essayer d'abord de les contrôler ou tout au moins de trouver de l'aide pour les combattre le moment venu. Il n'était pas vraiment d'accord avec les choix que ses parents et ses grands-parents avaient fait, mais finalement, les choses étaient peut-être mieux ainsi.

« Je ne l'ai pas rencontrée, mais je peux te dire que c'est le genre de personne sur le cas duquel tout le monde autour de moi serait d'accord. et c'est quelque chose de plutôt rare dans ma famille. »

Ses mères se disputaient souvent. Regina avait tendance à mépriser sa grand-mère, qui n'avait réussi à lui accorder le bénéfice du doute que parce qu'elle était remplie d'une immense bienveillance et qu’il lui avait suffi de voir quelques signes pour que l'espoir s'installe dans son cœur. Il n'y avait clairement pas besoin que Cora vienne rajouter de la complication dans cette affaire. Il ne voyait pas ce qu'elle pourrait rajouter d'autre, étant donné la personnalité complètement folle de cette femme. Et elle avait une nature dangereuse, égoïste et plein de cruauté. Elle n'avait jamais hésité à torturer sa propre fille pour garder l'ascendant sur elle et elle osait penser qu'il s'agissait d'amour.

Jaya lui suggérait de s'ouvrir à ses mères en ce qui concernait son ressenti à l'égard de leurs disputes. En soi, ce n'était pas une mauvaise idée, mais il ne se sentait pas vraiment prêt à laissser sa colère de côté pour le moment. Il lui semblait donc que ce n'était pas le bon moment pour en parler. De toute façon, il viendrait bien un moment ou l'une d'elles se rendrait compte de la situation et le pousserait à parler. Le moment venu, il lui dirait évidemment de quoi il retournait, même s'il ne se sentait pas forcément d'aborder le sujet de lui-même. Il était certain qu'il ne pourrait pas mentir le jour où l'une d'elles le questionnerait.

« Elles finiront bien par s'en rendre compte. À ce moment-là on verra. Pour le moment, je n'ai pas tellement envie d'en parler. J’ai l'impression que je ne ferai que me disputer pour pas grand-chose. Ça ne m'intéresse pas. »

Halloween

Il savait ce que cela voulait dire d'être un grand lecteur. Il avait toujours aimé les livres depuis qu'il était tout petit et c'était d'autant plus étonnant que les jeunes actuels préféraient généralement les consoles de jeux. Il en avait eu aussi, bien-sûr, mais il avait un goût pour les livres beaucoup plus important que répandu chez les enfants de son âge. Pour autant, il n'était pas convaincu que Jaya lirait son livre en si peu de temps. Plus exactement, il n'était pas certain qu'elle le devrait. L'histoire de sa famille n'était pas seulement une multitude de contes de fées, mais il y avait bien des éléments sous-jacents et il fallait relire plusieurs fois le livre pour les comprendre.

« Ce n'est pas un livre ordinaire et ce ne sont pas de simples histoires. Tu l'auras peut-être lu entièrement demain, mais je suis certain que tu vas vouloir le relire pour tout comprendre. En tout cas, si tu te poses des questions, hésite pas à me les poser demain. »

Mais visiblement, elle ne comptait pas attendre le lendemain. Elle avait déjà une question à lui poser. Comme il lui avait gentiment proposé de répondre à tout ce qu'elle voudrait, il n'allait pas se dédire maintenant. Mais il se demanda ce qui provoquait une telle curiosité. Il sourit en l'entendant poser la question qui lui trottait dans la tête. Elle avait peut-être peur d'avoir fait une gaffe, mais c'était quelque chose dont il n'avait jamais vraiment parlé avec personne. Il se rappelait ce moment où il était complètement perdu et où ce livre avait apporté un nouveau sens à sa vie.

« Je ne sais pas trop. C'est une conscience qui m'est venue progressivement à-partir du moment où ma grand-mère m'a donné ce livre. Elle ne savait pas qu'elle était ma grand-mère à l'époque évidemment. Elle dit qu'elle me l'a donné pour me permettre de garder espoir et quand je l'ai lu, elle ressemblait à Blanche-Neige, tant physiquement que dans ses valeurs. Et puis, je m'étais rendu compte que personne ne changeait jamais, que tout semblait figé dans le temps. Il n'y avait que comme ça que ça pouvait s'expliquer. Je ne voyais pas d'autres explications. »

Jaya était adorable en lui proposant d'être là pour lui et de le protéger s'il y avait le moindre danger. Il était évident qu'elle l'avait déjà adoptée comme amie et qu'elle tenait à lui faire profiter de cette amitié. Il en était vraiment heureux. Mais il n'avait pas envie d'être protégé et il désirait se battre aux côtés de sa famille et ne pas forcément être en retrait. Il savait cependant que ce n'était pas quelque chose de facile. Il ne se connaissait aucun pouvoir en dehors de son cœur de vrai croyant et à part sauver Peter Pan, il ne savait pas si cela lui permettait de faire quoi que ce soit de particulier.

« J'espère que s'il y a du danger, j'aurai ce qu'il faut pour me battre et que je ne serai pas obligé de me cacher derrière toi. Je ne suis pas une personne faible qu'il faut protéger, même si je reconnais que je n'ai pas de pouvoir particulier. Mais c'est super mignon et je suis quand-même content de me dire que je vais pouvoir compter sur toi. »

Après tout, compter les uns sur les autres, c'était la base dans sa famille. Et les amis étaient clairement une autre famille pour Henry. C'était ainsi qu'il concevait l'amitié. Il avait pourtant l'impression que Jaya n'avait pas autant de chance. Il ne s'agissait pas seulement du fait qu'elle n'avait pas sa famille auprès d'elle, mais en plus, même si elle l'avait eu, elle ne serait pas certaine que cela change quelque chose. Entendre que sa famille ne s'occupait pas d'elle à part pour donner le change lorsqu'il y avait des invités était quelque chose qui faisait particulièrement de la peine au jeune garçon.

« C'est si triste d'avoir des parents comme les tiens. Quand on a un enfant, il devrait toujours être le centre de la vie, tu ne crois pas ? En tout cas, même si tu ne peux pas compter sur tes parents, qu'ils soient ici ou pas, je serai là pour toi et tu pourras toujours te confier à moi si tu en as besoin. Je t'écouterai avec plaisir. »

Il lui accorda un sourire mais il était difficile de dire si c'était pour la réconforter par rapport à ses parents pour la remercier de ces encouragements. Dans les deux cas, il était vraiment content de la connaître et de s'en être fait une amie. Il était certain que l'un comme l'autre, ils allaient pouvoir s'entraider et s'épauler tout au long de la vie qu'il passerait dans ce monde étrange. Il n'y aurait personne pour se montrer plus fort que deux amis comme ça. Henry en été sûr. Il avait toujours pensé que le nombre était la force et que l'union rendait les choses plus faciles et plus sûres à maîtriser.

Halloween

Quand il lui avait demandé de prendre soin du livre, et qu'il avait accepté de le lui prêter malgré l'envie qu'il avait de le garder pour lui tout seul, il avait complètement oublié qu'elle vivait dans un orphelinat avec tout un tas d'enfants. Mais elle ne l'avait pas oublié et elle était déterminée à préserver le livre de tous ses camarades. Cette détermination et ses promesses firent chaud au cœur à Henry qui était infiniment plus rassuré en sachant qu’il avait fait ce prêt à quelqu'un qui était aussi consciencieux qu’il le pensait.

Un sourire éclaira aussitôt ses lèvres et il eut l'impression qu'il venait de découvrir une des meilleures amies que la vie aurait pu décider de lui donner. Cette fille était prête à accepter son histoire telle qu'elle était. Elle était prête à l'écouter et à être son alliée, et elle était prête à prendre soin de ce qui comptait vraiment pour lui. Elle était faite pour devenir son amie. Il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui avait fait d'elle une personne aussi gentille et aussi attentive aux autres. Mais c'était peut-être justement parce qu'on n'avait pas été assez attentive à elle. Henry se promit aussitôt qu'il le serait autant que possible.

« C'est une super idée et c'est vraiment gentil de ta part. C'est vrai que ça me fait super peur de prêter ce qui me tient à cœur comme ça, et surtout que ce livre est magique et qu'il représente ma famille, mais avec toi, on peut avoir confiance. »

Et il ne disait pas ça pour lui faire plaisir, il en était absolument convaincu. Il avait longtemps espéré que les seuls soucis qu'il rencontrerait pendant un temps seraient justement les examens scolaires. Mais la vérité, c'était qu'il n'était jamais resté bien longtemps tranquille. Il y avait toujours eu un moment où la vie lui remontrait avec évidence qu'il fallait se battre contre les forces du mal. Il ne savait pas si cela serait aussi compliqué dans cette ville. La façon dont les gens avaient été réunis laissait supposer que quelqu'un avait des plans et que chacun avait son rôle à jouer, mais il ne savait pas lequel.

« J'espère aussi, mais l'expérience m'a appris qu'il valait mieux toujours s'attendre au pire. »

Il était un peu triste de la relation qu'elle avait avec ses parents et qui n'était pas destinée à s'améliorer compte-tenu du fait qu'il n'était pas ici. Il aurait été difficile pour la jeune fille d'être plus proche de ses parents alors qu'il n'était pas là et en même temps, ça devait être dur de se dire qu'elle n'aurait pas cette occasion. Henry était tellement dans un esprit spontané de rédemption qu'il pensait que tout le monde devrait avoir droit à une deuxième chance avec les personnes qui leur étaient chères. Il se demandait si Jaya en était arrivée au point où ses parents ne lui était plus chers, auquel cas la situation ne s'appliquait pas.

« Je suis content de t'avoir rencontrée aussi. Et puis, qui sait, tu te trouveras peut-être une maman ici, un jour. »

Halloween

Henry pouvait dire qu'il s'était fait une nouvelle amie avec qui les choses semblaient bien démarrer et s'il n'était pas sûr de ce que l'avenir lui réservait dans ce monde, il était ravi de pouvoir partager tout ce qu'il vivrait avec Jaya. Peut-être qu'ils en viendraient à pouvoir partager leurs secrets et à pouvoir se confier énormément de choses. Henry se doutait qu'il n'allait pas crouler sous les amis au début dans cette ville, sachant pertinemment que les enfants arrivaient au fur et à mesure et qui ne le connaîtraient pas. C'était déjà agréable d'avoir quelqu'un qui pouvait remplir ce rôle d'entrée de jeu.

En revanche, cette joie était teintée d’un peu de tristesse pour la demoiselle qui était seule dans cet orphelinat et qui n’avait pas sa famille alors que lui avait ses deux mamans, ses grands-parents et un certain nombre d’autres personnes. Ce n’était pas juste. Il savait que la jeune fille n’avait pas vraiment d’atomes crochus avec sa famille mais il aurait à cœur d’espérer pour elle une jolie famille qui lui apporterait du bonheur et plein de douceur. C’était la moindre des choses. Il était sûre qu’il y avait des personnes ici qui avaient envie d’être parents et qui ne manquaient que d’une occasion. Et Jaya était une belle occasion.

Il avait confiance en elle pour prendre soin de son livre, qui n'était finalement rien de moins que le plus bel héritage familial qu'il pouvait avoir. Mais il savait qu'elle ne l'abîmerait pas et qu'il le retrouverait bientôt en bon état. Elle savait combien il était précieux pour elle et il était persuadé que c'était important à ses yeux. Il le lui confiait avec autant de certitudes qu’il lui confiait son amitié, persuadé qu’elle saurait ne pas briser son cœur avec un comportement qui manquerait d'empathie et de bienveillance. Elle était une bonne personne et elle serait peut-être l'une des meilleures amies qu'il pourrait avoir dans ce monde.

« Profites en. Les contes ne sont pas vraiment racontés de manière classique dans ce livre, mais je suis sûr que ça te plaira. »

Halloween