tu t'extirpes du véhicule, payant rapidement le taxi avec quelques billets. tu t'empresses ensuite d'avancer, tes bottines s'enfonçant dans la neige tandis que tu gardes ton bonnet vissé sur ton crane. y a que quelques mètres, et ça paraît être une éternité mais bien vite, alors que tu ouvres la porte de l'endroit, la chaleur de celui-ci t'enrobe et c'est terriblement satisfaisant. tu observes les quelques personnes présentes et tu finis par enfin repérer la table que tu cherchais. petit sourire, signe de main et te voilà en route tandis que tu retires ce bonnet, dévoilant en totalité ta chevelure dorée et tes gants, ta veste, rejoignant cette table au fond. tu salut rapidement le couple qui t'accueille de la manière la plus chaleureuse qu'il soit : ça te met pourtant légèrement mal à l'aise, forcément, parce qu'après tout t'es plus habitué aux postures froides et droites qu'implique une carrière politique qu'autre chose. mais ici, tout est différent, et surtout ici, les gens ne sont pas autant regardant que de là où tu viens. ou peut-être que si, c'est difficile à dire puisque ta carrière est drastiquement différente. c'est plus facile de passer inapperçu ici, bien que ton éternelle paranoïa t'oblige à avoir toujours des yeux derrière la tête, te poussant constamment dans une solitude constante.

tu la détestes cette solitude. tu l'as toujours détesté mais la vérité, c'est que c'est aussi une des seules choses que tu as connue : les rapports avec ta sœur étant parfois un peu électrique à cause de vos mouvements de pensées différents, la seule personne qui avait toujours été à tes côtés avait été ton neuveu qui, aujourd'hui ne l'était plus. c'était officiel, tu étais terriblement seule satine. comme prisonnière dans une spirale infernale qui elle même te rendait folle mais hélas, tu n'étais pas habituée à montrer tes émotions. le seul masque de l'indifférence était celui prônant, celui que tu portais constamment à l'exception peut-être de ce soir tandis que tes pommettes saillantes ressortaient grâce au petit sourire que tu t'accordais. t'étais pas le genre à sortir, mais ton client ne t'avais pas réellement laissé le choix : où en tout cas il avait su se montrer convainquant.

vous aviez passé tellement de temps ensemble pour travailler sa défense qu'il avait fini par te cerner, malgré toi. t'avais détesté ces éternelles interrogations sur ta vie sentimentale et autre : il n'y avait rien à dire de toute manière. y avait personne qui t'attendait le soir, alors tu t'acharnais de manière générale au travail et ça avait porté ses fruits. sa plainte avait été entendue, et surtout il avait gagné. ou plutôt tu avais gagné.
résultat des courses, non seulement il allait s'en sortir avec une compensation financière, mais en plus, justice était rendue : ton job était fait et toi tu t'étais préparer à rentrer chez toi et te pencher sur le prochain cas nécessitant ton attention. cependant, lui même avait eu d'autre plans, avec sa femme ils avaient décidés de t'inviter dans ce bar/restaurant, ambiance détendue, bien plus que les endroits que tu avais toujours eu l'habitude de fréquenter, guindé as fuck. tu faisais même un peu tâche dans ce smoking féminin qui t'allait parfaitement bien, peut-être trop mais qui démontrait de toute évidence que tu n'étais pas habitué aux endroits réputés pour être « chill ».
te voilà t'installant enfin avec ce couple pour débuter la soirée tandis que tu regardes rapidement la carte qui s'offre à toi.

les heures passent et doucement, tu te détends satine. on peut le voir à cette veste de smoking, désormais posé sur le dossier de ta chaise et ta chevelure détachée tandis qu'un vrai sourire sincère est sur tes lèvres. tu l'admets : tu passes un bon moment, et t'aimerais avoir l'opportunité de sortir plus souvent sauf que tu ne l'as pas, simplement. le jukebox joue d'la musique tandis que le bar/restaurant se remplit de plus en plus. à l'autre bout, une table nombreuse est assez bruyante mais rien d'atroce. débordée, les serveuses remarquent pas forcément votre désir de remplir de nouveau vos verres, alors doucement tu t'lèves. – laissez moi au moins vous offrir cette tournée. tu dis avec un air bienveillant tandis que tu te retournes doucement, avançat vers le bar de ton éternelle démarche assurée. dos droit, tête haute, tes habitudes de prestance de l'époque où tu régnais sur mandalore n'ont toujours pas disparue.

tu te penches sur le comptoir, attendant que le bartender termine sa commande pour venir prendre la tienne. et pendant que tu attends, tu observes les alentours jusqu'à repérer un visage à l'autre extrêmité du bar. et presque automatiquement, cette contenance si précieuse disparaît : t'as clairement l'air d'avoir vu un fantôme et c'est peut-être tout comme. tu reconnais ce visage, cette implantation capilaire et cette mâchoire pour l'avoir secrètement admiré et fantasmé pendant des années. ton cœur s'emballe, tambourinant si fort contre ta cage thoracique tandis que tes prunelles se ferment et s'ouvrent plusieurs fois, comme pour t'assurer que tu ne rêve pas. t'as presque l'air ridicule satine, au point où t'en oublierais presque tes bonnes manières : ce n'est que lorsque le bartender t'interpelle que tu reviens à toi. tu redresses les yeux vers lui, presque paniquée tandis que t'es incapable de dire quoi que ça soit. tu balaies la tête de gauche à droite et tu te rues jusqu'à la porte d'entrée mais tu te stoppes net devant celle-ci. tu observes ton reflet rapidement dans la reflexion de la porte avant de baisser de nouveau les yeux et de prendre une grande inspiration.

tu te retournes finalement et tu t'avances jusqu'à lui d'un pas décidé, mais pas trop quand même. tu hésites presque avant de simplement prononcer ce prénom qui avait franchit tes lèvres quelques fois, mais qui avait hanté tes rêves un millier de fois. – obi-wan ? tu demandes, simplement, sentant ton cœur sur le bout des lèvres tandis que tu sens même une certaine anxiété te ronger, plus encore que le trac habituel d'avant procès.
et alors qu'enfin, il est là, à quelques centimètres de toi, tu te dégonfles, réalisant que ça avait été stupide et que tu te trompais probablement. la ressemblance était frappante, mais tout semblait possible ici. – excusez moi, je vous ai confondu avec quelqu'un d'autre. vous ressemblez juste … à un ami de longue date. tu sens le rouge te monter aux joues, loin d'être habituée à une telle sensation d'humiliation et rapidement, tu tournes les talons, décidé à prendre tes boissons et disparaître dans le fond du restaurant – et surtout terminer de manger histoire de pouvoir disparaître tout aussi rapidement des lieux.

(c) mars.