La vie était paisible pour Alice et elle découvrait la joie d’être une étudiante. Il y avait moins de pression et on aidait davantage les étudiants que la plupart des gens. Et puis, il y avait Robin. Évidemment, c’était compliqué parce qu’elle était arrivée d’une période différente d’Alice et elle était encore ensorcelée. Mais Alice prévoyait de lui avouer ses sentiments et s’ils étaient suffisamment réciproques, si elle avait suffisamment confiance en elles, alors, elle se réveillerait et Alice aurait celle qui avait conquis son cœur. Elle n’avait pas complètement confiance, mais elle ne se sentait pas complètement perdue. Pourtant, il lui manquait quelqu’un.

Si Alice avait une femme dans sa vie, il était une autre personne qui était précieux pour son cœur et elle ne savait pas s’il était là. En tout cas, elle ne l’avait pas revu. Mais son père lui manquait. Il avait toujours été là pour elle, il avait renoncé à sa vie d’aventures pour l’élever et prendre soin d’elle. Et à-cause d’une petite erreur, il avait été maudit. Mais il avait fini par retrouver la liberté de la prendre dans ses bras et il n’était plus là pour le faire. Le Destin était parfois si injuste avec certaines personnes. Cela rendait Alice triste.

Pourtant, il n’arrivait pas souvent qu’elle soit triste. C’était une personnalité qui était des plus joyeuses. Mais en ce qui concernait cet homme qu’elle aimait tant, dont elle avait choisi l’amour en dépit de la haine que lui prônait sa mère, elle ne pouvait qu’être triste d’être encore éloignée de lui. Ce fut la raison pour laquelle, quand elle le vit subitement, au milieu de la rue, comme s’il se trouvait ici chez lui, elle mit une seconde à croire réellement à ce qu’elle voyait. Et puis, elle eut envie de croire à ce bonheur. Ce bonheur qu’elle avait retrouvé son père.

« Papa… ? »

Halloween

Si je devrai être habitué aux changements de mondes avec Storybrooke et ses malédictions (ou plus exactement Seattle, puis Storybrooke à la réunification des royaumes), me retrouver dans ce monde ci n'a pas été une si mince affaire pour moi. Parce qu'après avoir passé une partie non négligeable de mon existence à courir après des chimères (à savoir un moyen de me débarrasser de Rumplestilskin), puis après des objectifs plus reluisants mais tout aussi chimériques (à savoir, un moyen de sortir Alice de sa tour) et avoir fini par me perdre dans l'alcool en chemin, j'avais trouvé un certain équilibre dans la petite famille qui s'était naturellement composée entre Henry, Cendrillon, Regina et moi, sans oublier la petite Lucy. A Seattle, le lieutenant de police que j'étais devenu avait certes une vie tranquille, mais quelque chose manquait, sans l'ombre d'un doute. Henry, Roni, Weaver, Lucy puis Tilly, ils ont su combler ce manque jusqu'à ce que nos mémoires retrouvées nous rendent les liens qui nous manquaient. Comme quoi, maudits ou non, nous savions nous retrouver.
Aujourd'hui, c'est différent. Sans doute parce que Henry est un gosse de 10 ou 12 ans, et que la moitié des personnes que j'ai appris à côtoyer à Storybrooke après la réunification des royaumes ne connait à présent le Capitaine Crochet que de réputation, et pas la meilleure qui soit. Ma fille? Soyons honnêtes, je n'ai pas réellement cherché à la retrouver ici, avec pour seule justification ma lâcheté. Oui je sais, je suis pourtant celui qui a bien souvent tancé Rumple sur la sienne, mais il faut croire que je ne suis pas meilleur que lui, au final. Mon vieil ennemi, si tu m'entends, d'où tu es aujourd'hui...
Pourquoi être si lâche? Sans doute parce que je crains qu'elle ne sache pas non plus qui je suis, ou qu'elle soit une toute autre version d'elle-même ou... dans le doute, garder la boite de Strominger fermée pour continuer à espérer que le chat à l'intérieur soit bien vivant m'a paru la meilleure des idées.

C'est sans vraiment prêter attention à mon environnement que je traverse la rue, prenant à peine gare aux voitures qui pourraient me bousculer en passant, jusqu'à ce qu'une voix que je ne connais que trop bien m'interpelle. A mi-chemin du trottoir opposé, je me retourne vers l'origine de cette voix, craignant y voir un mirage, une vue de mon esprit, avant qu'il ne soit clair et net pour moi que je n'hallucine pas.

"Alice?"

Sans plus faire attention - ou juste le temps de poser la main sur le capot d'une voiture qui me klaxonne vertement alors que je lui passe au ras du nez -, je traverse en sens inverse pour aller la rejoindre, la serrant dans mes bras pour perdre mon souffle dans sa tignasse blonde.

"C'est toi, c'est bien toi!"
Halloween