Joyeux Hallowoël?

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& Dex, Peter, Lucian, MM, David,

C’était Lilith qui avait lu l’invitation à Bait et lui avait indiqué où se rendre. Elle lui avait assuré qu’Adam et elle sauraient se passer de lui pour l’espace d’une soirée, et lui avait donc permis d’assouvir sa curiosité en prenant part à cette étrange festivité inconnue de tout Katolis. L’invitation mentionnait de s’y présenter déguisé, ce qui confondait grandement le batracien. N’était-il pas déguisé tous les jours, dans ce corps et ces vêtements humains?

Lilith avait trouvé quelqu’un qui avait oeuvré de patience pour maquiller son sbire. Les taches colorées sur sa peau étaient désormais bien moins apparente, et leurs pâles lueurs obstruées par ce truc gommant qu’elle y avait mis. Son visage entier était recouvert de cette pâte colorée qui accentuait l’ossature naturelle de son visage et lui ajoutait également des traits plus bestiaux, ainsi qu’une truffe. Il avait laissé pousser la barbe qu’il taillait généralement courte et qui le démangeait désormais. Sa maîtresse lui avait même trouver des oreilles postiches et une queue factice pour compléter son déguisement. Bait avait ensuite enfiler de vieux vêtements abandonnés, qu’ils avaient partiellement déchiré à la main, par-dessus un t-shirt gris. Lorsqu’il se vit dans le miroir, le batracien avait lâché un éclat lumineux ténu, de crainte et de surprise cumulées. C’était bien lui, ce monstre aux allures lupines?

Enfin arrivé à l’adresse mémorisée, la première pensée du crapaud royal était que ces seigneurs devraient investir dans un meilleur jardinier. Quelques personnes devant lui avaient déjà pénétré à l’intérieur du bâtiment, et Bait les suivit sans attendre. Il divergea toutefois de trajectoires lorsque ses narines, pourtant bien moins sensibles sous cette forme humaine et recouvertes de cette substance désagréable, identifièrent un fumet de pâtisserie.

Le batracien se retrouva donc dans ce qui ressemblait à une salle à manger resplendissante. Ça n’avait rien à voir avec la majesté du château où il avait jadis vécu – rien dans cet univers n’y était comparable -, et l’idée que la différence ne provienne que du rapport entre la perception d’un batracien de quelques décimètres et un homme de presque deux mètres ne lui effleura pas l’esprit.

Alors qu’il cherchait à voir s’il ne trouverait pas quelques chose à se mettre sous la dent, Bait se vit aborder par Mary-Margaret et un gentilhomme qu’elle lui présenta comme étant son époux.
« Bien. » Répondit-il en déglutissant avec une grimace. Ce crémage sur son visage avait un goût horrible! Il espérait que les pâtisseries ne seraient pas infectes à cause de ce fichu déguisement!
« Toi ? » rendit-il la politesse au bout d’une longue seconde.
Il acquiesça d’un signe de tête : ils semblaient nombreux à avoir été sélectionnés pour cette soirée. Son attention se dirigea ensuite vers le vaillant auprès de la gourmande.
« ‘Chanté. David », croassa Bait en tendant une main à l’homme aux allures presque princières – le plus haut compliment que le batracien avait pensé depuis quelques semaines. « Vous allez bien ? »

Se souvenant des règles de politesse, Bait s’approcha pour faire la bise à ce David. Il ne voudrait certainement pas commettre un faux pas devant son amie.

En résumé:

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Bait se contenta de hausser les épaules en réponse au Charmant. C’était bien ainsi qu’on communiquait son ambivalence? C’était certes étrange, mais il s’en fichait légèrement : il avait connu bien des étrangetés au cours de sa longue vie batracienne autant qu’humaine, et il n’en était pas à si peu près. Il préférait de venir avec un esprit ouvert et de recevoir les compliments qui lui étaient faits. Y compris celui provenant de son amie institutrice.

« Les votrrr’ aussi », ronronna-t-il davantage qu’il ne coassait habituellement.

Leur échange fut interrompu par un autre invité, qui entrait et tirait une révérence. En voilà un noble personnage! Son déguisement était sensationnel, faisant pâlir tous les autres en comparaison. Certes, sa voix n’était pas la plus charmante, mais quelque chose dans la bestiale apparence plaisait au crapaud luisant. Le loup-garou d’un soir se dirigea d’un pas leste vers le nouveau-venu, non sans saluer le garçon vêtu de vert d’un hochement de menton.

Une nouvelle convive entra alors que Bait étirait la main vers la corne du terrifiant costume. La porte se referma derrière celle-ci et une fumée emplit la pièce. Bait renifla dans un réflexe bête, cherchant à savoir ce dont il s’agissait, et tout lui sembla s’engourdir pendant un instant.

Reprenant contrôle de ses sens et de lui-même, Bait regarda de part et d’autres, à la recherche d’une menace. Tout semblait pour l’instant tel qu’il était, et il décida de retourner à son idée précédente.

« Je peux toucher? » demanda-t-il d’une voix rauque, la main à nouveau en direction des cornes de son collègue qu’il ne reconnaissait pas. Comme hypnotiser par le costume, il ne réalisa même pas que l’on parlait de sucreries, un peu plus loin.

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Guilleret, Bait s’étira encore un peu, sans toutefois faire quitter ses talons du sol. La dernière fois qu’il s’était huché sur la pointe des pieds, il avait dû se procurer un nouvel ensemble de vaisselle en entier. Les humains n’étaient pas digitigrades. Les crapauds luisants non plus, mais ce n’était qu’un détail parmi tant d’autres. Avec toute la douceur de son émerveillement, il déposa donc sa main sur la corne de la créature agenouillée devant lui. Le mat de sa peau virait tranquillement en un rose qui n’avait rien à voir avec un afflux sanguin ou quelque chose. Au contact, la lueur s’intensifia légèrement, alors que d’un mouvement respectueux il ressentait le grain du membre de kératine glisser sous ses doigts.

« Elles … sont rrréelles », souffla-t-il d’un ton qui, dans ses standards, était plein de fébrilité.

Il y avait peut-être donc une possibilité pour qu’il retrouve son corps d’origine. Lui qui avait été l’un des plus beaux crapauds du royaume habitait désormais un tel corps de pichou. Enchanté de cette révélation, il ramena sa main vers lui en remerciant Krampus, et repris une distance plus humainement convenable, alors même que ses instincts de familier royal le poussaient à vouloir se hisser sur l’épaule de son nouvel ami.

Bait jeta un regard par-dessus son épaule, voulant s’adresser à Mary-Margaret, mais il semblait que les convives féminins aient disparus. Le loup-garou, ça c’était bien ce en quoi il s’était déguisé, en haussa les épaules, persuadé qu’elles n’avaient rien à craindre. David, le mari de Mary-Margaret était toujours là, et Bait aurait juré que le jeune homme avec lequel il discutait semblait plus jeune, un instant auparavant.

Bait s’approcha d’eux en tirant son ami cornu par la manche. Il resta posté là, sans dire un mot. Présence laconique au sein de ce cercle, il n’avait toujours été qu’un observateur et un auditeur et ne s’habituait pas à pouvoir ajouter son grain de sel. Il ne comptait jamais s’y habituer, d’ailleurs.

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L’ami cornu de Bait semblait être venu à la même conclusion que lui, car il demandait son âge au dénommé Peter. Le gamin ne faisait plus dix-huit ans avec la fine barbe qui pointait sur ses joues et les ridules naissantes aux coins de ses yeux. Il semblait davantage de l’âge de ces accros au café qui arpentait la zone universitaire de la ville. Une zone riche en objets à glaner, mais où il était risqué de se faire piéger.

Tout cela perdit bien rapidement son intérêt lorsque l’une des deux femmes – celle qui n’était pas Mary-Margaret, donc – leur intima de la suivre s’ils avaient un petit creux. Bait étant la définition même d’un sempiternel affamé, il traîna cette fois le géant aux cornes vers la cuisine, ses doigts toujours entortillés dans la manche de ce dernier. Il se figea toutefois dès qu’il passa le pas de la porte. Quelque chose clochait. Il y avait quelque chose d’étrange dans l’air. Ou plutôt l’inverse. Il manquait quelque chose dans l’air ambiant. Pourquoi ne sentait-il pas les arômes habituels d’une cuisine? Pourquoi réalisait-il seulement maintenant qu’il ne sentait rien. Dans la panique, l’homme tacheté devint blême, ses taches de vin apparaissant avec un soudain contraste. Le batracien bioluminescent s’éteignit même complètement, sous le coup du stress. Cette fois, il lâcha Lucian – dont il ignorait le nom – et se jeta sur le premier aliment à porté de main. Une jarre de farine dont il avala une poignée en manquant de s’étouffer. Pour autant qu’il le sache, il aurait aussi bien pu avaler de la poussière de plâtre qu’il n’en aurait pas vu la différente. Il était maudit!

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